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8 entreprises tech chinoises dans le viseur de Taïwan pour avoir débauché des talents locaux

Récemment, les autorités taïwanaises ont lancé une opération de grande ampleur et visant huit entreprises chinoises spécialisées dans les puces et la fourniture de composants dans plusieurs villes, selon un journal local.

Les entreprises en question auraient débauché de manière illégale des talents locaux selon le Bureau d’Enquête du Ministère de la Justice, qui a lancé l’opération mercredi dernier.

Le Bureau a publié un communiqué expliquant avoir passé près de six mois à enquêter sur cette affaire, dans un contexte de guerre des talents entre Taïwan et la Chine et surtout sur fond de tensions politique et militaire entre les deux territoires.

Selon le journal local, Taïwan accuserait la Chine de tenter de saboter son économie et sa compétitivité de la sorte.

« Ces faits constituent des tentatives crapuleuses et illégales et doivent être traités avec sérieux…il ne s’agit pas seulement de concurrence économique et commerciale mais ça peut devenir des menaces pour la sécurité nationale », a déclaré le bureau dans son communiqué.

La guerre des talents constitue une problématique sérieuse pour l’écosystème tech global, qui à l’heure actuelle assiste à une pénurie de talents.

Cette pénurie est fortement accentuée dans le contexte de la reprise économique globale de post pandémie, mais aussi de digitalisation accélérée dans la région. L’émergence de la 5G, le cloud, l’Intelligence Artificielle ou l’IoT s’y développent de manière rapide, stimulant la croissance du secteur des nouvelles technologies et mettant cette industrie sous pression.

L’Asie, centre de gravité mondiale de la production de puces (sujet sensible sur la presque totalité des supply chain de l’industrie globale), n’échappe pas à cette tendance, et voit le phénomène amplifié par les tensions géopolitiques et la place de leader économique du géant chinois dans la région.

Singapour est l’état le plus touché par cette pénurie de talents, et où plus de 59% des employeurs déclarent ne pas réussir à pourvoir leurs postes, contre une moyenne de 45% environ dans la région selon une étude récente.

Le boom fintech en Asie explique en partie ce phénomène; plus de deux tiers des start ups fintechs du Sud-Est de l’Asie déclarent avoir des difficultés à recruter des talents qualifiés. Selon une étude publiée en 2022 par le cabinet Digital Talent Insight, la région Asie-Pacifique devrait manquer de 47 millions de talents tech d’ici 2030.

China's top semiconductor maker SMIC to build a $2.35 billion plant
Le groupe chinois SMIC est le plus gros fabricant de puces dans le pays (Crédit photo: Qilai Shen| Bloomberg | Getty Images)

Dans ce contexte, le «grand frère» chinois est implicitement montré du doigt. La Chine souffre en effet d’une guerre de talents tech avec les États-Unis; le pouvoir chinois a du mal à retenir ses talents sur son territoire ou à les rapatrier des États-Unis. La Chine a dès lors tendance à se replier sur son voisin taïwanais pour alimenter son industrie de micropuces, industrie qui connaît une tension au niveau de la demande occidentale en raison de la dépendance de ces pays, conséquence du manque d’acteurs industriels du secteur notamment en Europe.

Selon la ministre de l’économie taïwanaise Wang Mei-hua : « Touché par la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine, le développement de l’industrie de semi-conducteurs en Chine occidentale a été obstrué, mais elle continue de s’engager dans le développement de cette industrie ».

« Afin d’atteindre l’auto-suffisance de sa supply chain, la débauche et l’infiltration constituent la façon la plus rapide pour la Chine occidentale de faire cela, » ajoute la ministre taïwanaise.

Pour contrer ce qu’il considère comme une attaque économique, le territoire Taïwanais a pris des mesures drastiques visant à réduire l’influence chinoise sur son vivier de compétences hautement qualifiées, et faire ainsi face à sa propre pénurie de talents dans le secteur technologique.

L’île envisage de faire appel à la législation pour enrayer le phénomène, et empêcher ce qu’elle considère comme de l’« espionnage économique ».

Sources: https://techstory.in/taiwan-raids-8-chinese-tech-companies-for-alleged-talent-poaching/

Crédit photo: DR

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