Google déploie un câble sous-marin vers l’Afrique
Google a annoncé le déploiement d’un câble sous-marin qui doit permettre de doubler la vitesse de débit internet en Afrique. Le câble relie désormais l’Europe au continent africain via le Togo, selon Google, et constitue la dernière étape en date de son projet pluriannuel destiné à rendre l’accès à Internet plus abordable en termes de coûts pour les habitants africains.
Google s’est en effet engagé il y a quelques mois à investir 1 milliard de dollars sur cinq ans afin de soutenir localement « toute une gamme d’initiatives, de l’amélioration de la connectivité à l’investissement dans des start ups », avait alors expliqué le CEO de Google et Alphabet Sundar Pichai.
Google a également ajouté dans son communiqué que le câble « Equiano » a été déployé au départ du Portugal afin de mieux desservir l’accès à internet aux huit millions de Togolais.
Le contrôle des routes sous-marines de l’Internet est devenu le nouveau terrain de concurrence des Gafam, et constitue en cela un enjeu stratégique en raison du nœud global que ces câbles représentent. 99% des échanges internet passent par ces câbles et les géants tech n’ont pas mis longtemps à sortir leurs carnets de chèque pour investir massivement, et contrôler ainsi ces voies sous-marines stratégiques.

Selon le site de statistiques Statista, Google arrive en tête, suivi de Facebook; tous les deux ont en effet investi respectivement dans 15 et 12 projets de câblage par mer. Google est cependant le seul des Gafam à installer des câbles exclusivement pour son propre usage, toujours selon Statista.
En Février dernier, Google a ainsi déployé un câble, « Dunant », reliant la France et les États-Unis.
En 2019, Microsoft et Facebook avaient lancé conjointement leur projet de câble, projet qui avait abouti au déploiement en mer de « Marea », venant relier les États-Unis à l’Espagne.
Le trafic internet global étant dominé par les États-Unis, la plupart de ces mega câbles passent par l’Atlantique et viennent remplacer les anciens câbles vieillissants, remplaçant également au passage les opérateurs classiques qui jusqu’il y a encore quelques années, finançaient ce type d’opérations coûteuses. Le résultat en termes de connectivité s’en fait ressentir, avec un niveau de performance plus élevé, et dans un contexte d’augmentation globale du trafic sur le web.
« En termes de débit, Dunant va représenter à lui tout seul la capacité de tous les vieux câbles actuellement en service dans l’Atlantique », affirme Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux internationaux d’Orange. « Nous pensons que ces anciens équipements vont être débranchés car ils n’offriront plus un ratio coût – performance suffisante par rapport aux nouveaux. Il est donc extrêmement important de nous positionner sur ces infrastructures embarquant la technologie la plus récente afin de maintenir notre présence de façon pérenne. »
Google n’est pas le seul dans la course à l’accès internet en Afrique; son plus sérieux concurrent sur le sujet, Facebook, a dévoilé en Décembre dernier son projet « 2Africa », destiné à installer un câble sous-marin qui serait déployé tout au long de l’ensemble des côtes africaines. Mais l’enjeu est de taille; les 37.000 kilomètres de câble déployés d’ici 2024 sont le fruit d’un consortium privé global entre Facebook et de nombreux partenaires stratégiques des télécoms, comme le français Orange ou le chinois China Mobile International, et destiné à casser les prix d’accès à l’internet local.
Le marché africain représente donc un enjeu de taille pour Facebook et l’écosystème global de télécommunications. Pour Facebook, l’enjeu est de rester compétitif; le continent compte en effet 251 millions d’utilisateurs du réseau social. Renforcer ses infrastructures pour fournir un meilleur accès aux habitants africains et les fidéliser est un des pans de sa stratégie sur ce marché émergent et souffrant d’exclusion connective.
Contrairement à Facebook, Google choisit de faire cavalier seul dans ses ambitions sur le marché africain.
Son câble, l’« Equiano », devrait ainsi permettre de multiplier la fréquence de débit locale par 20. Le câble initialement déployé au Togo, devrait ensuite faire route vers le Nigeria, puis la Namibie, avant sa destination finale Le Cap. Pour Google aussi l’enjeu est de taille; comme Facebook la sécurisation de l’accès à ses services dans une région qui devrait compter près de 300 millions d’utilisateurs internet supplémentaires d’ici 2028 est capital.
En Octobre dernier, le groupe avait annoncé via son CEO Sundar Pichai, un plan d’investissement d’un montant d’un milliard de dollars et destiné à soutenir la transformation numérique du continent dans le cadre de son programme « Google for Africa ».
Source : Reuters
Source citation : https://www.franceculture.fr/numerique/internet-quand-les-gafam-construisent-des-supercables-sous-les-mers
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