La start up spécialisée dans les dark stores Gorillas annonce une vague de licenciements
Gorillas, start up qui propose une application de livraison de courses rapide, vient d’annoncer son intention de procéder au licenciement d’une partie de son personnel, afin d’orienter son développement vers une phase de maturation.
La start up prévoit le licenciement de 300 personnes, et la réduction de moitié de son personnel administratif; la licorne affirme vouloir se donner une marge suffisante pour commencer à dégager des bénéfices et rassurer ainsi ses investisseurs dans un climat conjoncturel morose.
«Les investisseurs sont devenus allergiques au risque, et plus personne ne veut actuellement d’incertitudes. Ça rend plus difficile désormais le fait de pouvoir lever des fonds,», a expliqué Kagan Sumer, CEO de Gorillas à Reuters. «Lorsque nous entrerons en Bourse, nous voulons arriver en tant qu’entreprise rentable».
Cette annonce survient à une étape clé pour la start up, qui a mené à bien sa phase d’hypercroissance, bouclant une levée de fonds de 1 milliard de dollars en série C en Octobre dernier, la plus importante du secteur en Europe jusqu’à maintenant.
Fondée en 2020, Gorillas a réussi à décoller rapidement au niveau global, ouvrant près de 140 entrepôts et réalisant plus de 4.5 millions de livraisons au cours de ses 18 premiers mois. Les investisseurs ont joué un rôle important dans le développement de la start up, alimentant ce rythme d’hypercroissance, et permettant à Gorillas d’augmenter sa capacité d’investissement (sur les volets opérationnels, technologiques ou marketing à la fois), augurant d’un rythme de croissance soutenu, afin de commencer à réaliser des bénéfices.
«Après avoir bouclé notre dernier tour de table en Octobre 2021, nous avons changé d’orientation passant d’une hypercroissance à un démarrage clair de phase de rentabilité, ce qui nous a permis d’augmenter l’efficacité de notre activité de manière significative,», expliquait le groupe sur son site suite à l’annonce de la levée.
Mais de nombreux analystes s’interrogeaient à ce moment là sur le modèle du quick commerce – un secteur nouveau où ont rapidement afflué les investissements – et la capacité des start ups spécialisées dans les dark store à réaliser des marges de profit intéressantes, et atteindre des seuils de rentabilité à moyen terme.
«Il y a eu une inquiétude concernant le manque de visibilité claire quant à la rentabilité quand on voit le rythme exténuant de l’activité au sein des dark stores,», soulignait un analyste récemment. «Malgré les tickets des investisseurs VC qui ont abondé dans ce secteur, il semble que les marges commerciales ne soient pas suffisantes pour soutenir le modèle sur le long terme,», souligne un autre expert.
Mais ces inquiétudes concernent surtout selon les spécialistes du secteur, les start ups qui auront été incapables de suivre le rythme de la compétition, féroce, et prompt à une structuration rapide : «La boîte qui vous dit qu’elle est profitable vous ment. Actuellement, c’est la politique de la terre brûlée, ce qui compte c’est de gagner des parts de marché,», expliquait en Juin dernier lors d’une interview Yacine Ghalim, actionnaire d’une start up spécialisée dans le secteur. «Certains acteurs sont extrêmement agressifs, or l’expansion coûte très cher. Sans être très bien capitalisé, impossible de suivre.»
La conjoncture semble – finalement – accélérer les choses pour Gorillas qui dit vouloir s’adapter aux nouvelles tendances des marchés, y compris financiers, les perspectives demeurant bonnes pour le secteur, comme l’expliquait en Mars dernier Adam Wacenske, actuellement à la tête des opérations de Gorillas aux États-Unis : «Je ne peux pas prévoir ce qui va arriver, mais il y aura certainement davantage d’espace pour plus d’opportunités et plus d’une d’entreprise dans les années à venir.»
Selon son CEO Sumer Kagan, la start up devrait se concentrer sur les marchés sur lesquels elle est majoritairement présente actuellement (Europe et États-Unis), et qui représentent 90% de ses revenus, tout en restructurant en parallèle ses opérations sur ses marchés secondaires en Italie, en Espagne, au Danemark et en Belgique.
Source citation : https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/idees-de-business/0611254184388-livraison-de-courses-le-phenomene-des-dark-stores-gagne-la-france-344155.php
Crédit photo : Tobias Schwarz