Les mineurs de bitcoins opèrent toujours en Chine

Selon une étude récente de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, la Chine est redevenue un hub global de minage de cryptomonnaies, malgré l’interdiction de cette activité sur son territoire en Mai 2021.

L’étude du Cambridge Centre for Alternative Finance (CCAF) indique que la Chine se trouve actuellement à la deuxième place, derrière les États-Unis, pour les activités de minage de bitcoin – la cryptomonnaie la plus utilisée dans le monde – avec 21.11% du total de ces activités (contre 37.8% pour les États-Unis).

«Nos données confirment de façon empirique les allégations de sources internes à l’industrie selon lesquelles le minage de Bitcoin se poursuit dans le pays. Bien que le minage en Chine est loin d’atteindre les sommets précédents, le pays semble toujours abriter un cinquième du hashrate total,», explique Alexander Neumueller, chercheur qui a participé aux travaux de l’étude.

C’est officiellement pour des raisons environnementales que le minage de Bitcoin a été interdit en Chine; le gouvernement expliquait avoir pris cette décision en ce sens, arguant alors de l’impact écologique à moyen terme que ce type d’activité pourrait avoir.

«Le minage de cryptomonnaies est une industrie extrêmement néfaste qui met en péril les objectifs de la Chine dans la neutralité carbone,», avait déclaré un officiel chinois alors que le gouvernement venait d’annoncer de nouvelles mesures strictes en la matière.

«C’est la fin de l’ère du cryptominage en Chine,», commentait également de son côté Winston Ma, professeur de droit à l’Université de New York.

L’interdiction du minage, survenue plusieurs mois avant l’interdiction des cryptomonnaies dans le pays, a eu un effet immédiat sur l’activité des mineurs localement mais aussi sur le marché : alors que la Chine a été pendant des années le principal hub de minage de bitcoins au monde (3/4 du hashrate global), en Mars 2021, des données du CCAF suggéraient que la part de la Chine dans l’industrie globale de minage était tombée à 46%, entraînant mécaniquement un dévissage du cours du Bitcoin durant l’été 2021.

Face à cette mesure, les mineurs n’ont pas mis longtemps pour s’installer ailleurs, et c’est principalement aux États-Unis – devenu par la suite numéro un du marché du minage – que leur activité a rebondi; le phénomène baptisé la «grande migration du minage» par les experts, a vu les mineurs chinois s’exiler vers les États-Unis et les états américains à la juridiction la plus clémente et surtout à l’électricité la moins chère comme le Texas.

Mais les mineurs de bitcoins n’auraient cependant jamais cependant cessé leur activité en Chine : «Pékin a banni le minage de cryptomonnaies, alors les mineurs chinois sont entrés dans la clandestinité,», commente un observateur.

Toujours selon des données fournies par le CCAF, entre Mai et Septembre 2021, alors que l’activité était interdite en Chine, le minage aurait connu une activité significative, suggérant des opérations sous-terraines.

En tout selon une information du média officiel du pouvoir chinois, environ 10% des activités liées aux cryptomonnaies seraient toujours opérationnelles dans le pays malgré l’interdiction. Les autorités locales estiment à environ 109.000 le nombre d’adresses IP de minage actives chaque jour en Chine, et selon Pékin, 20% des mineurs chinois étaient toujours présents sur le territoire en Décembre dernier malgré les mesures d’interdiction.

Pour éviter d’être repérés par les autorités, les mineurs – parmi lesquels on trouve même des organismes officiels – ont imaginé de nouveaux moyens pour poursuivre leur activité, certains passant par des réseaux privés virtuels, et d’autres utilisant des usines déclarées comme couverture.

Malgré la possibilité de se faire prendre – les autorités chinoises usant elles aussi de méthodes diverses pour débusquer les mineurs illégaux – ceux-ci disent espérer un assouplissement de la régulation dans ce domaine, comme le fait souvent le gouvernement chinois : «Il existe encore du minage de cryptomonnaies en Chine, ceci est en partie dû au fait que de nombreux mineurs ne savent pas si Pékin est vraiment sérieux quant à cette interdiction. Ils se disent qu’il se pourrait bien que les autorités changent d’avis,», suggère un journaliste.

Mais selon plusieurs analystes, la levée de la mesure ne sera pas effective avant un certain temps, et la raison principale de cette tendance se nommerait le yuan numérique. Le Bitcoin principalement mais aussi les cryptomonnaies de manière générale, sont considérés par le pouvoir chinois comme des concurrents directs de sa future monnaie numérique officielle, le e-yuan. Contrairement au Bitcoin et aux cryptomonnaies, détenus via un système décentralisé, le e-yuan sera émis par la Banque Centrale chinoise; avoir un système de monnaie décentralisé et virtuel en parallèle constituerait donc une menace pour le pouvoir chinois, qui compte utiliser le e-yuan pour asseoir son autorité sur les systèmes de paiements dans le pays.

Selon Fred Thiel, CEO de la start up crypto Marathon Digital Holdings : «Le gouvernement chinois fait tout ce qui est possible pour retirer le Bitcoin et les autres cryptomonnaies du système financier chinois et de l’économie chinoise. Une des raisons à cela pourrait être le fait que le gouvernement veuille s’assurer que la monnaie numérique de la banque centrale chinoise soit acceptée et financièrement régulée.»

Près de 19 millions de bitcoins ont été minés jusqu’à aujourd’hui; 900 bitcoins sont minés chaque jour et il ne reste actuellement plus que 10% du bitcoin à miner dans le monde.

Sources citations : https://news.coincu.com/47670-the-chinese-risk-everything-to-mine-bitcoin-underground/

https://fortune.com/2021/11/17/china-bitcoin-mining-ban-crypto-holdouts-ether-solana-price/

Crédit photo : DR

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