Les taxis jaunes new-yorkais débarquent sur Uber

Le géant américain des VTC Uber a annoncé la semaine dernière lors de la présentation des résultats du groupe devant ses investisseurs l’arrivée des célèbres taxis jaunes new-yorkais sur sa plateforme. Cette décision signe là la volonté du groupe de mettre un pied sur le marché des courses par taxi, et devrait lui permettre de réduire sa pénurie de chauffeurs aux États-Unis.

Selon Uber, les taxis représentent un marché juteux «hautement fragmenté de 120 milliards de dollars avec 20 millions de véhicules actifs, plus de cinq fois le nombre de la base de véhicules d’Uber avant la pandémie.»

Le groupe a expliqué devant ses investisseurs vouloir investir ce marché en permettant à chaque taxi de rejoindre la plateforme Uber d’ici 2025. L’année dernière, Uber a compté 122.000 nouveaux taxis sur son application; ces chauffeurs représentent néanmoins une part minime de sa base totale de chauffeurs (3%), dans un contexte de pénurie de main d’œuvre fortement accentuée par la pandémie qui a ralentit l’activité globale des entreprises de VTC.

Cette annonce (une première pour un groupe de VTC), permettra aux clients  d’Uber d’avoir la possibilité de choisir entre un VTC ou un taxi sur l’application lors de la demande d’un trajet.

Uber est présent à New York depuis 2011 déjà; à l’époque l’arrivée de celui qui allait disrupter le marché de la mobilité en ville et devenir un géant mondial coté en Bourse, n’avait pas été accueillie avec le sourire par les syndicats de taxis locaux. Uber avait dû batailler ferme pour faire sa place sur leur pré carré.

Une bataille avait alors publiquement éclaté entre les syndicats de taxis new-yorkais et Uber, celui-ci les accusant de corruption et eux de vouloir mettre les chauffeurs de taxis au chômage.

L’arrivée d’Uber en 2009 avait causé des tensions avec les filières de chauffeurs de taxi un peu partout dans le monde comme ici en France (Crédit photo : DR)

Le vent semble avoir tourné depuis puisqu’ Uber vient d’annoncer vouloir s’associer avec ses anciens ennemis, les entreprises de taxi locales Curb et CMT, afin d’amener leurs chauffeurs sur son application.

Il faut dire que les temps sont durs pour Uber. Lancée sur les chapeaux de roue en 2009, l’entreprise avait rapidement vu sa valorisation exploser et ses services se déployer à vitesse grand v, d’abord au États-Unis puis dans le reste du monde.

La firme était alors considérée comme la success story de la tech, et a rapidement vu arriver tout un bataillon de concurrents capables comme Uber d’investir lourdement dans un déploiement opérationnel rapide.

Mais Uber est devenu plus qu’un fournisseur de services VTC, le géant tech s’est mué en une marque au fil des ans, un état d’esprit même, celui d’une nouvelle génération de consommateurs à la recherche de solutions de mobilité nouvelles qui correspondent à leurs modes de vie urbains.

Mais la success story ne s’est pas bâtie sans difficulté, entre les scandales entourant son (ancien) patron Travis Kalanick, le traitement de ses chauffeurs qualifié d’exploitation, ou la rentabilité tardive du groupe.

Mais l’entreprise avait réussi à s’imposer sur le marché des services de VTC face à ses concurrents, et à transformer pour de bon le visage de la mobilité en ville mais aussi celui de la livraison à domicile avec le lancement de Ubereats en 2014.

En 2019, Uber était toujours sur la route de la rentabilité (pertes de 8.5 milliards de dollars), mais affichait un montant total de réservations de 16.5 milliards de dollars, une progression constante de son nombre d’utilisateurs passé de 37 millions en 2016 à 111 millions en 2019, soit une multiplication par 3 presque de sa base client globale.

Mais voilà, la pandémie est passée par là, et a stoppé net l’activité des géants des VTC, en raison des confinements successifs et surtout de l’installation du télétravail dans les modes d’organisation des entreprises.

L’année 2020 a été particulièrement compliquée pour Uber, qui a subi pêle-mêle de lourdes pertes (1.1 milliards de dollars au troisième trimestre de cette année), une chute de 53% de l’activité de ses VTC ainsi qu’une baisse du nombre de demandes de trajet de l’ordre de 45%.

Le groupe avait tout de même réussi à tenir bon et même redresser la barre face à la tempête COVID-19, mais il semblerait que l’époque de conquête la décennie 2010-2020 est terminée, pas seulement pour Uber mais aussi pour ses concurrents comme Lyft aux États-Unis ou Didi en Chine.

L’heure est au pragmatisme donc et ce changement de cap, avec l’arrivée symbolique des taxis new-yorkais sur son application, semble refléter cet état d’esprit, signe probable de la fin de la phase de disruption du groupe, qui doit désormais faire face aux réalités d’un marché qui subit le contre-choc de la pandémie plus que les autres.

Selon Bhairavi Desai, dirigeant d’un syndicat de taxi new-yorkais : «Après que son business model ait démontré son échec à protéger les chauffeurs du ralentissement du nombre de courses et de la hausse des prix de l’essence, Uber retourne à ses racines : les taxis jaunes.»

Ils devraient être 13.600 à arriver prochainement sur l’application Uber aux États-Unis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Reuters

Crédit photo : DR

 

Commenter